L’ancien Premier ministre français Jean-Marc Ayrault estime que le Parti socialiste doit se réinventer, après avoir obtenu 1,75% des voix au premier tour des élections présidentielles françaises, et doit se tourner vers les socialistes portugais pour s’en inspirer.
Dans un entretien à l’agence Lusa, l’ancien premier ministre, en poste du 15 mai 2012 au 31 mars 2014, hésite à dire si le résultat des socialistes au premier tour des élections françaises a été un « coup fatal ». , mais reconnaît que le Parti socialiste français (PSF) « traverse une crise profonde ».
« Ce n’est pas une crise des valeurs, des idées, mais une crise de l’organisation, du fonctionnement du parti et de l’offre politique qu’il propose aux Français. C’est sans doute dû à l’usure d’être au pouvoir, car c’est aussi quelque chose qui arrive aux républicains. [partido de centro-direita] », il dit.
S’adressant à la campagne de la candidate socialiste, Anne Hidalgo, l’ancien gouverneur estime qu’il s’agissait d’une « campagne courageuse », mais « personne n’a écouté ses messages, son programme » : « Ce n’était pas sa faute, ça veut simplement dire qu’il y a un problème plus profond. Il faut être lucide et regarder les choses de front », dit-il.
Jean-Marc Ayrault considère ainsi qu’une « réforme profonde du PSF est nécessaire, qui demandera du temps, beaucoup d’efforts, de réflexion, d’analyse, d’écoute et d’organisation », indiquant que les valeurs représentées par les socialistes – comme la démocratie l’idéal, la justice, l’universalisme n’ont pas disparu, malgré le « monde qui a changé », avec la mondialisation, le changement climatique, la numérisation et l’impact de ces phénomènes sur le marché du travail.
Ayrault admet que cette profonde réforme pourrait impliquer un changement de nom, soulignant que les organisations politiques actuelles, « et en particulier le PSF, ne correspondent plus à l’époque actuelle ».
De l’avis de l’ancien premier ministre, les jeunes d’aujourd’hui « n’ont plus beaucoup envie de s’engager dans les partis politiques, même s’ils ne sont pas du tout indifférents aux questions de société », donnant l’exemple des mobilisations mondiales contre le réchauffement climatique, par exemple. les droits des femmes ou la lutte contre le racisme.
« Il faut prendre tout cela en considération de manière sérieuse, méthodique et humble, en gardant à l’esprit que ce ne sera pas un miracle qui fera renaître le PSF de ses cendres comme le Phénix. Cela demandera beaucoup d’efforts », renforce-t-il.
Lorsqu’on lui a demandé s’il ferait des recommandations au Premier ministre portugais, António Costa, étant donné qu’il occupe actuellement une position similaire à celle de Jean-Marc Ayrault en 2012 – lorsqu’il est devenu Premier ministre, Ayrault était également le chef d’un gouvernement avec une majorité absolue.-, l’ancien chef du gouvernement français rétorque que c’est António Costa qui devrait lui donner des conseils.
« C’est quelqu’un que j’apprécie vraiment, qui est très populaire au Portugal et je comprends pourquoi : parce que sa politique est bonne. S’il a été réélu, c’est parce que sa politique est juste et bonne, il a réussi à sortir le Portugal d’une crise, et il a mis en pratique les principes socialistes de manière très concrète », souligne-t-il.
Ayrault souligne que, pour ces raisons, malgré les « spécificités nationales » de chaque pays, le Parti socialiste portugais doit servir d’inspiration aux socialistes français.
Soulignant les « liens très forts » qui existent entre les Portugais et les Français, Ayrault souligne que les deux parties « participent conjointement à la construction d’une Europe qui, il ne faut pas l’oublier, est bâtie sur des valeurs ».
« Je pense qu’il faut rester très ferme sur les principes, et aussi être extrêmement attentif aux désirs sociaux : ne pas décevoir, ne pas créer de fossé entre le pouvoir et la base », indique-t-il.
« Alors il faut résister, il faut tenir bon. Même quand l’extrême droite progresse, il ne faut pas se laisser influencer par l’idéologie de l’extrême droite : on ne peut faire aucune concession à l’extrême droite », renforce-t-il.
TA // JMC