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L’OURSIN QUI PIQUE TON COEUR

Les sculptures Uniouriço rendent hommage à l’océan, à l’environnement et à Ericeira.

Paulo Reis ne se considère pas comme un artiste, mais plutôt comme un créateur de souvenirs. Tout a commencé à Ericeira, un pittoresque village de pêcheurs situé sur la côte ouest du Portugal, célèbre pour ses vagues exceptionnelles attirant des surfeurs du monde entier. Ce village a conservé son charme traditionnel avec ses rues étroites, ses maisons blanches à liseré bleu typiques et a été désigné en 2011 comme première réserve mondiale de surf en Europe. Ericeira combine culture, histoire et paysages naturels époustouflants, ce qui en fait une destination touristique incontournable pour les Portugais et les visiteurs internationaux, mais c’est aussi la terre natale de Paulo Reis.

Quand l’on vient ou que l’on aime Ericeira, on aime l’océan. C’est bien sûr le cas de notre « artiste » qui, en parallèle, s’est toujours interrogé sur les symboles du Portugal : « Pourquoi un coq et non un élément marin, si la mer représente 96 % du territoire portugais ? » C’est alors qu’il s’est penché sur un nouvel emblème, sans prétention, qui symboliserait mieux son pays : les sardines, la morue, les palourdes ? Et pourquoi pas les oursins ?

En effet, les oursins sont un élément emblématique de la région côtière d’Ericeira (qui signifie en latin « terre d’oursins ») et habitent ses eaux cristallines, reconnues pour leur riche biodiversité marine. En plus de faire partie intégrante de l’écosystème local, les oursins ont inspiré des artistes natifs comme Paulo ; une fois qu’on y prête attention, on peut voir un peu partout dans la ville des graffitis ou des sculptures de ce fameux coquillage.

Voyageur à ses heures perdues, l’idée d’un souvenir que l’on pouvait rapporter chez soi et qui nous rappellerait toujours son origine mûrissait depuis longtemps dans l’esprit de Paulo. Un bibelot qui prendrait la poussière sur une étagère, non merci, mais un bel objet décoratif qui raconterait une histoire et qui piquerait notre cœur, oui !

Ce designer de profession (Revue Visão et Prima) a alors commencé à développer ses objets en bois par un dessin numérique composé d’un socle rond rappelant une coquille et 365 photos en bois « pour piquer chaque jour de l’année la personne à qui il appartient ». « Les prémices de la création ont au début été laborieuses », affirme-t-il. Il a dû trouver un fabricant local pour les socles ronds et un autre pour les épines ; il a d’abord commencé avec des photos à brochette trouvées dans le commerce, puis a enfin découvert un producteur de bois national capable de fabriquer tous les éléments dont il avait besoin.

C’est ainsi qu’est né « Uniouriço », la combinaison parfaite de « Unico » et « Ouriço » (unique et oursin). Depuis, il a participé à des expositions, des foires de l’artisanat et à l’élaboration de sculptures plus ou moins géantes à Ericeira (notamment à l’hôtel cinq étoiles Immerso). « Je n’aime pas vendre, je dessine et je crée mais je ne suis pas un commercial et je fais ça comme un hobby », explique-t-il. Mais un hobby qui lui prend du temps puisqu’il réalise 600 œuvres par an.

En plus de représenter une importante charge de travail pour Paulo, il voulait donner à ses coquillages en bois une dimension communautaire, en d’autres termes « d’aide à la vie de la communauté ». Effectivement, le message environnemental et local était déjà clair dans ses créations, alors, comme marque d’engagement et d’aide à la communauté, il a décidé de faire réaliser quelques-unes de ces pièces par des jeunes en difficulté.

« Cette idée m’est venue grâce à mon beau-père, atteint de la maladie de Parkinson et d’Alzheimer. Un jour, il a voulu m’aider et il s’avère qu’il a adoré cette activité manuelle, qui est en fait devenue la seule choisie qu’il aimait faire et qui le sortait de son quotidien. C’est pourquoi j’ai contacté l’Apercim (Associação para Educação e Reabilitação de Cidadãos Inadaptados de Mafra) pour offrir un travail rémunéré aux jeunes en situation de handicap », confie-t-il. Un franc succès s’en est suivi puisqu’encore aujourd’hui 30 % de la production de Uniouriço est élaborée par l’association.

Un souvenir, un objet décoratif, ou encore une œuvre d’art, peu importe comment l’on considère les oursins, une chose est sûre, ils piqueront votre cœur. Le petit plus de ces pièces, c’est qu’elles sont en outre personnalisables et donc uniques ; elles contiennent toutes un message caché sous les épines qu’il est possible d’adapter à chacun. Pour ce faire, il suffit d’envoyer à Paulo un message, un nom ou un dessin qui sera disposé sous la sculpture.

Les Uniouriços sont disponibles dans les boutiques spécialisées, de surf et d’artisanat dans toute la région de Lisbonne et en ligne sur le site de l’artiste ; ils existent en deux tailles différentes, petite ou moyenne, en bois naturel ou en couleur « car il en existe de toutes les couleurs dans la mer ». Pour une pièce de plus grande importance, il faudra alors passer une commande spécifique et contacter directement Paulo. Les oursins sont délivrés dans une boîte de hamburger en carton « pour un véritable moment de plaisir », à un prix très accessible pour une œuvre d’art.

Johanna Trevoizan

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