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55 millions versés à Neeleman « sont justifiés depuis trois ans », déclare João Leão

L’ancien ministre des Finances répond ce mardi en commission d’enquête parlementaire à la TAP. Elle salue le processus de négociation qui a abouti au versement de 55 millions à l’homme d’affaires d’Atlantic Gatewat pour avoir évité l’éventualité d’un contentieux contre l’Etat.

L’ancien ministre des Finances João Leão répond ce mardi à la commission d’enquête parlementaire de la TAP (CPI) sur la tutelle politique de la direction de la compagnie aérienne. Le fonctionnaire, qui a repris le portefeuille des Finances entre novembre 2015 et juin 2020, a succédé à Mário Centeno (entendu hier) et a participé à la gestion de l’entreprise en phase de rachat par l’Etat.

Ce laps de temps comprend le versement de 55 millions d’euros à David Neeleman, du consortium Atlantic Gateway, ainsi que le départ et l’indemnisation d’Alexandra Reis — l’affaire qui a motivé cette commission parlementaire.

João Leão dit qu’il n’y a pas exactement de base de calcul derrière le montant de 55 millions d’euros versé à Neeleman, mais que le montant a été atteint grâce à une négociation arbitrée par un cabinet d’avocats – Vieira de Almeida (VdA) – et que l’objectif n’était pas seulement pour reprendre le contrôle stratégique de l’entreprise mais aussi pour s’assurer que l’Etat ne ferait pas l’objet d’un contentieux de la part de l’entrepreneur qui pourrait, selon l’ancien ministre, exiger l’accès à des avantages accessoires de plus de 220 millions d’euros.

En réponse à la députée socialiste Vera Bras, il commence par garantir que lorsqu’il était secrétaire d’État au Budget, il n’a eu aucune intervention directe dans le dossier de la TAP et qu’il n’a commencé à traiter avec la compagnie aérienne qu’« à partir du moment où, dans le pandémie, et dans le cadre du plan de stabilisation, les premières mesures nécessaires du budget de l’État (OE) ont commencé à être prises pour envisager l’aide à la TAP ».

« La TAP n’était pas suffisamment capitalisée. Elle est devenue très faible du point de vue des fonds propres dans cette privatisation et, contrairement à d’autres entreprises, elle a été considérée comme une entreprise en difficulté », ajoute-t-il.

L’ancien dirigeant souligne « l’importance absolument stratégique pour le pays » que représente la TAP et qui, selon lui, a « une dimension bien au-delà de celle d’un simple atout ».

« S’endetter aveuglément »

Les mots sont du député socialiste, qui fait référence aux lettres de confort envoyées par Parpública aux banques au moment de la privatisation, que l’ancien ministre Pedro Marques a qualifiées de « hâtives ». À propos de ces lettres, dit João Leão, il n’y a pas grand-chose à dire : « Je n’ai pas suivi ce processus de près, mais dans tout processus de l’État, il doit être aussi transparent et rigoureux que possible, et dans ces mécanismes, il faut toujours chercher à défendre les intérêts de l’État », classe-t-il.

S’il n’y avait pas eu de reconfiguration des contrats et que l’actionnaire privé avait fait défaut sur ses obligations, scénario qui aurait conduit au rachat forcé de la TAP par l’Etat, l’ancien ministre des Finances admet que cet impact financier de la dette finirait par doivent être reconnus dans le budget de l’État.

Et ça saute dans le temps, de 2015 à 2020, quand « on savait que [a TAP] c’était une entreprise très endettée (…) et au cours des deux dernières décennies, il y avait très peu de profit ».

« Il était clair dès le départ que d’un point de vue européen, la TAP était une entreprise en difficulté. Toute aide devait s’accompagner d’un plan de restructuration. C’était incontournable et c’était clair pour tout le monde », souligne l’ancien gouverneur.

Des fonds Airbus « très difficiles à comprendre »

Egalement interrogé sur le fonctionnement des fonds Airbus, il dit d’emblée n’avoir « aucune connaissance du processus ». « A un moment donné en tant que ministre j’ai été informé et j’ai beaucoup de mal à comprendre cette opération. Il y a eu un audit qui a identifié des irrégularités et, pour être vrai, toute procédure dans laquelle un contrat est passé pour une entité privée – TAP -, et il y a une remise commerciale… Cela ne peut pas être encadré en termes juridiques. C’est nuire aux intérêts de la TAP et donc de l’Etat, au profit des intérêts d’un actionnaire privé », accuse-t-il.

Quant au plan de restructuration, il dit ne pas avoir participé au groupe de travail, mais demande aux députés de replacer le moment dans son contexte.

«Nous devons baser cela sur l’incertitude de la hauteur. La durée de la situation de la TAP n’était pas évidente, mais les travaux ont rapidement permis d’identifier la situation. Ce qui est sûr, c’est qu’on n’irait pas là-bas avec des petits patchs », dit-il en parlant d’une injection de 200 millions d’euros.

Ce montant, dit-il, était considéré comme un prêt, alors qu’« il était évident » qu’un plan de restructuration était nécessaire. « Les actionnaires privés ne voulaient pas d’un tel emprunt et une impasse s’est créée. La TAP était au bord de l’effondrement, quelque chose qui devait être résolu en très peu de temps », se souvient-il, précisant que ce blocage par Atlantic Gateway « a déjà été évoqué à plusieurs reprises dans ce CPI ». « Dès le début, les actionnaires n’ont pas pu injecter plus de fonds dans la TAP », assure-t-il.

En effet, David Neeleman et Humberto Pedrosa avaient « peur » que le prêt, une fois converti en capital, n’entraîne la dilution de leurs positions d’actionnaires, explique Leão.

La justification des 55 millions « est claire pour tout le monde depuis trois ans »

La négociation du montant versé à David Neeleman pour quitter l’actionnariat de la TAP – 55 millions d’euros – a été menée par VdA pour le compte du gouvernement et des deux ministères de tutelle. « Nous avons suivi la négociation et donné des références », se souvient-il, précisant que ce processus a abouti à « une décision du Gouvernement qui a été l’approbation d’un décret-loi ».

« De manière transparente, nous avons annoncé avoir donné l’autorisation à la Direction générale du Trésor et des Finances (DGTF) de racheter cette position d’actionnaire et de recalibrer les droits économiques (…) il y a trois ans. Depuis, le contexte dans lequel cela a été décidé a été expliqué et ce n’est pas quelque chose de nouveau maintenant », minimise l’ancien dirigeant.

Il n’y avait « pas de formule de calcul », admet-il. L’urgence du moment, alors que la TAP « s’effondre financièrement dans quelques semaines », a exhorté le gouvernement « à sauver l’entreprise, à ne pas la laisser mourir ou fermer ».

« De deux choses l’une : soit nous avons conclu un accord pour l’injection d’un prêt temporaire, soit l’Etat est entré à nouveau » dans l’actionnariat. « Ces 55 millions correspondent clairement à ce qu’ils étaient : acheter 22,5 % des actions, ce qui était crucial car ainsi l’État aurait le contrôle de l’entreprise. D’un autre côté, il y a un recalibrage des droits économiques et puis aussi la question des avantages annexes » auxquels David Neeleman aurait droit, explique-t-il.

L’accord conclu, souligne-t-il, garantit que Neeleman « abdique de tout litige contre l’Etat, dans l’accord qui sera conclu », ce qui, selon lui, est très important car l’Etat allait entrer très prochainement « dans le processus très exigeant de négociation ». le plan de restructuration avec la Commission européenne ».

« Il était important pour l’Etat d’éviter le coût réputationnel d’une nationalisation forcée », conclut-il.

Toujours sur le départ d’Alexandra Reis et les indemnités versées à l’ancien administrateur, il est catégorique : il n’a appris la démission que par le communiqué envoyé par la TAP au Mercados e Valores Mobiliários (CMVM), dont il a été alerté par le secrétaire d’État au Trésor.

L’indemnisation de 500 mille euros, dit-il, a-t-il appris par les médias.

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